Page d'accueil

Le journal d'Alexandre.

 

Sénégal - Deuxième voyage

21 novembre 1983 - Quelque part au dessus de l’Espagne à 10000m.

19h30 - Je viens d’achever le repas du soir dans l’avion entre Madrid et... Las Palmas.

Décollé ce matin à 12h05 de Paris, j’ai dû attendre en transit à Madrid de 13h45 à 18h30. Longue attente pendant laquelle il n’y a rien à faire, que lire et attendre.

C’est au décollage de Madrid que j’ai appris qu’on allait se poser aux Canaries. Je comprends maintenant pourquoi le vol Madrid-Dakar me paraissait si long. Merci Nouvelles Frontières ! Encore un trajet des plus courts, je n’ai même pas l’agrément visuel : mauvais temps sur la France et les Pyrénées que je n’ai même pas aperçues. J’ai quand même eu un beau spectacle avec le survol de Madrid « by night » que l’avion a contourné au décollage. Maintenant, il fait nuit noire et il semble que ce soit toujours couvert si j’en juge aux turbulences.

Je dois arriver à Dakar à 23h30 ce qui je l’avoue, m’inquiète un peu.

 

29 novembre

Je n’ai pas eu le temps d’écrire souvent dans ce carnet et c’est bien dommage, car j’aurais eu tant de détails à y mettre. Aujourd’hui, je vais essayer de me rappeler l’essentiel.

Donc, arrivé à Dakar, j’ai pris un taxi pour l’hôtel central que je connaissais bien. La température était de 26° à minuit et ½.

Le mardi matin, je suis allé à l’hôtel des Almadies pour retrouver Denis. J’ai attendu longtemps devant la porte du club en discutant avec le portier. Vers midi, Jean T. m’a conduit chez lui où j’ai retrouvé Denis. L’après midi, on l’a passé à rendre visite à toute sa famille et quelques amis. Le soir, on a mangé chez un cousin, René, des oeufs pochés.

Le mercredi, même programme. Nous avons beaucoup marché dans les quartiers de banlieue de Dakar en rendant visite à tous. Nous avions décidé de quitter Dakar le lendemain. Il semble qu’ils aient l’habitude de partir très tôt, vers 5h. Pour ne pas oublier de se réveiller, Denis a invité une douzaine d’amis à faire une « partie » de thé, le soir dans sa chambre. Ce n’est que vers 4h que j’ai pu les quitter. Ce soir là, la conversation n’a pas été très intéressante, ils parlaient tous en Ouolof ou Diola.

Nous sommes partis à 6h, et après un trajet semblable à celui que j’avais fait avec Sylvain, encore moins bien assis parce que mes jambes ne rentraient vraiment pas entre les sièges, nous sommes arrivés à midi ½ à Ziguinchor. Là, j’ai revu un jeune que j’avais connu en janvier Ousmane C. Il ne m’a pas reconnu tout de suite, mais ensuite m’a demandé des nouvelles de Sylvain.

Denis m’a mené chez sa mère où l’accueil a été très froid, pour lui comme pour moi. C’est une tante qui nous a proposé de manger avec eux. C’était mon premier repas pris avec toute une famille, nous étions 5 ou 6 autour du plat de riz au poisson dans lequel tout le monde puise avec les mains ou une cuillère. Les enfants se mettent du riz partout.

L’après-midi, nous avons gagné le quartier d’un tante de Denis à 3km de Ziguinchor. Là un très bon accueil, avec surtout le sourire d’Alfred dont je reparlerai.

J’ai passé trois jours entiers dans cette famille. La mère qui dans la journée travaille au marcher de Ziguinchor était à mes petits soins, toujours à m’offrir des gâteries, fruits, arachides... Le premier jour, elle m’a payé une bière, puis du vin de palme. Difficulté pour moi de trouver le juste milieu en payant moi aussi ma tournée sans trop pousser à la consommation, car elle est enceinte. J’ai essayé d’expliquer à Denis et Alfred que ce n’était pas très bon pour le bébé, mais ils n’en ont pas l’air conscients.

Promenades dans Ziguinchor, visites inévitables chez les cousins et amis, longues parties de thé africain le soir, avec de grandes discussions avec quelques-uns des amis Almami, Ismaël et son jeune cousin Mamadou découvert le dernier jour, Charles et bien d’autres et surtout Alfred que je ne me lasse pas de regarder tant il beau. C’est à ses côtés que j’ai dormi chaque soir. Dormir, c’est beaucoup dire, j’étais trop troublé par sa présence et tout le thé bu m’empêche de dormir.

La maman nous a même payé le cinéma le dernier jour. Nous sommes partis lundi matin vers 6h à pied. Il faisait bon marcher dans la fraîcheur matinale et après une escale à Brin d’une demi- heure nous sommes arrivés à 10h ¼ à Séléki.

C’était hier matin et j’ai peine à y croire. D’abord, un petit repos avec un café dans la case de Denis, celle-là même que j’avais vu construire en janvier, puis visite à la famille où nous allons vivre, celle de Léon avec ses parents, un cousin. La mère me demande si je lui offre une bière, alors nous buvons ensemble tandis que Léon achève de tresser des grands paniers.

A midi, nous mangeons avec Denis et Léon dans sa chambre du riz blanc et des poissons séchés. Le premier qu’il m’offre est plein de vers secs, aussi, j’ai eu quelque mal à en avaler un peu. (Je n'ai vraiment pas eu de chance, car par la suite j'ai mangé beaucoup de poissons secs et n'ai plus jamais retrouvé de vers). Ils mangent même la tête. Heureusement pour moi, le chat est là pour me donner un coup de... gueule.

L’après-midi, Léon et Pascal foulent du riz pendant que nous préparons le thé avec Denis. Et c’est moi qui officie. Ensuite, assez tard, nous allons au marigot pour une bonne baignade. Après ça, bain dans la marre du village avec tous les garçons du village qui se baignent nus en se cachant pudiquement le sexe, mais qui offrent aux regards leurs belles petites fesses rondes. Ensuite, ils allument un feu auprès du lac pour se sécher, je commence à apprivoiser les enfants à la façon de Sylvain ce qui les amuse beaucoup. La nuit est tombée rapidement et des femmes viennent chercher de l’eau en rouspétant. Denis m’explique qu’elles sont obligés d’attendre que tous les garçons soient r’habillés pour venir.

Le soir, après le souper, riz et poissons séchés, nous faisons encore un thé. Toute la famille est là, le père fume, la mère tisse une natte, la grand-mère chique, tout le monde parle, tantôt en français, tantôt diola. Ils essayent de m’apprendre des nouveaux mots.

Nous nous couchons vers minuit et pour la première fois, j’ai bien dormi.

Ce matin, lessive et bain dans la marre, visite à l’infirmier, nous mangeons quelques konis et nous voilà allongés Léon, Pascal, Denis et moi sur les nattes. Ils sont un peu étonnés de me voir tant écrire.

 

30 novembre

Hier midi, la maman de Léon m’avait tué un canard. J’ai donc acheté du vin et de la bière pour tout le monde. Nous avons ensuite bu le thé jusque vers 16h et après sommes partis vers un autre village du royaume : Etama. C’est un joli petit village formé de deux groupes de cases, bien regroupées en cercle. Dans le second, nous sommes allés rendre visite à un vieux. Il était allongé sur un banc et a eu beaucoup de mal à se lever. Tout le monde s’est assis après les salutations, il y avait un feu et la scène était formidable : faible lumière, l’ocre des murs en terre, les visages noirs répartis autour de la pièce centrale. Voilà le genre de photo que je ne pourrai pas faire.

Le soir, discussion avec le directeur de l’école, puis on s’est couchés vers 10h ½ pour se lever seulement vers 8 h ½ ce matin.

Après un bain, Léon a tué le poulet offert par le grand-père à Denis et il est en train de le plumer tandis que le thé s’organise.

Il est déjà midi et on vient juste de finir le thé. Nous sommes toujours couchés sur les nattes et Pascal, Léon et Denis jouent au jeu de Marienbad que je leur ai appris hier.

Je commence à faire quelques photos, mais j’hésite encore beaucoup à sortir l’appareil.

 

Jeudi 1 décembre

Hier après-midi, j’ai assisté a une partie de pêche dans le marigot. C’était formidable, dommage que je n’avais pas l’appareil. La marée était basse, on marchait entre les palétuviers, aux endroits où ils jugeaient qu’il y avait assez de poissons, ils jetaient de la terre noire, boueuse, contre les racines des palétuviers. Ensuite, ils plongeaient en faisant peur aux poissons. Ils mettaient alors, sous l’eau, leurs mains dans des trous pour attraper les poissons : de petites carpes. Pendant cela, un autre pêchait au filet.

Nous sommes revenus avec trois ou quatre kilos de poissons en deux heures de temps. J’avoue que je préfère manger du poisson frais.

Le reste de la journée a été classique avec le bain dans la marre, le repas suivi d’un thé.

 

2 décembre 1983

Hier matin après le bain et le café, devenus maintenant habituels, nous sommes partis à quatre pour Bandjal. C’est à peu près au double de distance qu’Etama, dans la même direction. Bandjal est un assez gros village fait de deux quartiers principaux chacun formé d’un regroupement de cases toujours du même style.

Nous sommes rentrés dans une bonne dizaine de maisons et comme il était midi passé nous avons mangé dans trois cases. Mais le repas principal, nous l’avons pris à l’extérieur d’une case sous le auvent, dans un décor agréable. Il y avait beaucoup de poisson dans le riz et nous avons tous mangé de bon appétit.

Il y avait devant la maison une clôture avec une porte donnant sur le marigot. J’ai essayé de faire une photo avec deux enfants, mais ils ne savent pas être naturels, ils posent. Ensuite, sieste devant une autre case, au bout d’un moment un garçon (Norbert je crois bien) est venu me porter un fruit et nous avons discuté sur l’atlas.

Retour en passant par l’autre quartier (des musulmans, paraît-il) où il m’a fallu prendre un frère de Léon avec sa petite fille dans les bras. Puis dégustation de cacahuètes dans une case. Retour.

 

Le soir, après souper, j’achète un vin et une bière pour aller discuter avec le grand-père de Denis : Grégoire. Comme Denis n’a plus de cigarettes nous partons dans la nuit pour aller en chercher dans un autre quartier de Séléki : Baken. Nous entrons dans une grande case, celle du chef du quartier ; après les salutations, on me fait asseoir et un des hommes dit qu’il n’avait pas remarqué que j’étais un « Toubab » (blanc). Je demande à Denis de lui dire qu’il y a un proverbe français qui dit que la nuit tous les chats sont gris. En fait, il comprend bien le français et rigole un grand coup, puis il offre un litre d’hydromel que je dois verser entier dans une calebasse que nous faisons circuler.

 

Nous faisons ensuite du thé à la maison jusque vers 1h ½ pendant lequel ils discutent en diola des problèmes du village, des manquements aux coutumes de certains...

 

3 décembre

Pas grand chose à signaler sur la journée d’hier. Le matin quelques visites dans le cartier de Baken, à midi Denis prépare le riz dans sa case où le « vieux » nous rejoint (Ce terme de « vieux » employé par Denis n’avait rien de péjoratif, bien au contraire et si je l’ai adopté dans ce carnet c’est que je me sentais très bien avec ce grand-père). Après le café nous allons avec Léon à Enampor faire quelques courses. Ils jouent à la belote tandis que j’en profite pour écrire.

Le soir, de nouveau riz blanc avec le vieux et thé. Le père de Léon rentre beurré à l’hydromel.

Au retour d’Enampor il m’a fallu payer 1 litre de vin à un type rencontré dans la case du chef, nous buvons ensemble tandis qu’il raconte que pour l’enterrement de son père sa famille a tué 22 boeufs. Il est saoul et je n’aime pas du tout cette ambiance. Il me réclame 100 CFA pour du tabac, que je lui donne pour ne pas avoir d’histoire.

Dans tout le village des pêcheurs partent pour 15 jours. Pascal est déjà parti, Léon aujourd’hui.

J’ai décidé de quitter le village lundi pour Ziguinchor et de partir voyager au Cap Skirring avec Denis. Nous reviendrons ensuite ici où j’aimerais faire encore quelques photos.

 

4 décembre

Hier matin, rien de spécial. A midi on mange du riz blanc dans la maison de Denis, on va à la pêche l’après-midi dans le marigot, mais on rentre bredouille. Le soir à 19 h, le vieux décide de tuer un poulet. Denis s’affaire, je l’aide un peu et une heure après, nous dégustons un riz avec du poulet au citron. Après souper, c’est moi qui fait le thé rituel.

Cette nuit nous avons été assaillis par les moustiques et Denis et Léon ont installé une moustiquaire. Ensuite j’ai pu dormir. Vers 2 h ½ Léon est parti à la pêche en mer pour 15 jours avec son père.

Aujourd’hui, c’est l’éclipse, je voudrais essayer de la montrer à quelques gosses, mais il ne fait pas très beau pour le moment.

13h30 Nous avons pu acheter un coq (500 CFA) et il est déjà en train de cuire.

J’ai pu regarder l’éclipse, mais je n’ai pas réussi à la montrer à beaucoup d’enfants, juste 4 ou 5 qui ont quand même été intéressés ; dommage que ce soit tombé un dimanche. Elle était assez importante et le maximum vers 11h45. La lumière avait bien faibli.

Nous avons bu ensuite du vin de palme ave Jean-Marie, puis maintenant nous allons déguster le coq au riz avec 1 litre de vin rouge. Il y a aussi des konis pour dessert.

 

5 décembre 1983

Après manger, hier midi, Denis voulait déjà faire un thé. Je lui ai demandé de marcher un peu, j’avais envie de bouger. En chemin, nous avons rencontré des pêcheurs qui revenaient au village avec les pagaies sur l’épaule, Denis en a emprunté une et un peu plus loin nous sommes partis en pirogue. J’ai pu pagayer et nous sommes descendus pas mal vers le fleuve, nous avons rencontré Roger le jeune frère de Léon avec quelques amis qui pêchaient sous les palétuviers. Le soleil déclinait déjà quand nous avons pris le chemin du retour, le couchant était très beau, de grands oiseaux ça et là traversaient le marigot.

Le chemin me paraissait long pour revenir, mais comme nous étions encore à contre courant c’était normal. Pourtant, j’ai vite senti que Denis était perdu, la nuit était tombée, nous avons rencontré deux pêcheurs qui nous ont laissé quelques poissons.

Vers 20h nous avons débarqué à un endroit différent de celui du départ et nous avons fait un retour à pied assez difficile, dans la boue souvent, avant que Denis se repère vraiment.

Ce matin, donc, il n’était plus question de partir à Ziguinchor et aussitôt levés nous sommes repartis récupérer la pirogue. Je pensais que de jour Denis retrouverait facilement le chemin, mais ça a été très dur et encore grâce à un pêcheur qui l’a réorienté. Evidemment, le pêcheur nous a laissé une vingtaine de poissons, toujours de ces petites carpes, il en avait une pleine pirogue. Nous avons pagayé longtemps encore dans des marigots très étroits parfois, et plusieurs fois, Denis est monté sur des grands palétuviers pour essayer de se repérer. Finalement, ce n’est que vers midi que nous sommes arrivés à quai, fourbus et insolé pour ma part. De plus, nous sommes encore à jeun et j’ai vraiment faim maintenant. Heureusement, Denis a encore la force de préparer le riz, nous venons de boire un café et je suis vraiment fatigué. Je réalise qu’il y a tout juste 15 jours que je suis parti et c’est vraiment 15 jours bien remplis. Le voyage serait terminé que je rentrerais déjà avec plaisir, mais je n’ai pas encore fait beaucoup de photos. Nous partons demain pour Ziguinchor.

 

6 décembre 1983

Nous sommes partis vers 6h moins le quart ce matin, il faisait bon marcher. Après une escale à Brin où nous avons trouvé du pain pour déjeuner, la route a été plus fatigante jusqu’à Ziguinchor où nous sommes arrivés vers 11h. A la poste, une lettre de Sylvain et une de Marie-Françoise m’attendaient. Nous nous apprêtons maintenant à manger dans un petit restaurant où nous étions déjà venus avec Sylvain.

 

7 décembre 1983

Hier, après manger, nous avons accusé tous les deux une forte fatigue et sommes restés un moment assis sur un banc, à l’ombre, dans un coin de la place du départ des cars. Ensuite il a fallu revenir à la banque en face de la poste, puis nous avons gagné, non sans fatigue, la maison d’Alfred en passant dire bonjour à la maman et au père au marché.

Aussitôt arrivés, nous nous sommes écroulés sur le lit. Mon pied droit me faisait mal et avait un peu enflé, mais aujourd’hui on se repose et ça va mieux.

J’ai du mal à imposer mon emploie du temps, après manger ce midi j’ai proposé un café en pensant pouvoir bouger un peu, mais ce n’est pas possible, il faut faire un thé maintenant. J’ai un peu hésité à partir seul me promener, mais après tout je suis l’hôte et je dois accepter quelques sacrifices. D’autre part, ce n’est pas mauvais de se reposer encore puisque demain nous repartons. J’ai pu trouver une carte sommaire de la Casamance et je commence à avoir une idée du circuit.

 

Hier soir, la petite soeur d’Alfred est venu me chercher, alors que j’étais seul dans la chambre, elle semblait un peu apeurée ; il y avait des guerriers avec des arcs et des flèches ou des lances qui passaient dans le sentier. C’est toujours au sujet de l’indépendance de la Casamance. Sujet qui revient souvent dans les discussions, et certains semblent avoir peur que cela s’aggrave. Il paraît qu’il y aurait eu des morts (trois ?) parmi les policiers.

 

8 décembre 1983 - Cap Skirring

Partis ce matin vers 8h, après un café devant la maison. Il a fallu attendre un deuxième « car rapide » car celui qui était prêt à partir n’avait plus une place. Finalement, on n’y a pas perdu car on a fait le voyage dans une 404 à plateau, je n’étais pas trop écrasé.

Le voyage est assez rapide, la route est bonne. Arrivés vers 11h nous sommes allés voir la mer et nous baigner. Il y a sur la plage quelques paillotes de pêcheurs. Déjeuner dans un petit restaurant et maintenant nous sommes assis dehors en attendant que la grosse chaleur passe. Cap Skirring est tout petit, apparemment il n’y a rien à y voir, en dehors de la plage.

 

9 décembre

Hier après-midi, après avoir bu un coup dans un petit bar où il y avait quelques Français, nous sommes revenus sur la plage. J’avais l’intention d’y dormir le soir et donc de chercher un coin pour cela, nous sommes allés vers le nord jusqu’au bout de la grande plage. La marée était basse, la mer toujours chaude, j’ai fait quelques photos du soleil couchant, sur le retour un Noir et un Blanc jouaient de la trompette tandis que le Soleil se couchait. Un peu déçus par l’attitude de Denis qui semble s’ennuyer, c’est tout juste s’il a regardé le soleil.

Au moment d’aller manger, nous avons rencontré un Canadien, Willy, déjà vu l’après-midi au bar. Nous avons mangé ensemble, bu une bière et beaucoup discuté. Il plante des arbres dans les forêts canadiennes. Le soir, il nous a proposé de partager sa chambre qu’il avait trouvé pour 500 F. CFA chez l’habitant. On a accepté, car il ne faisait pas très chaud. En arrivant, on a rencontré le propriétaire et moyennant 500 F de plus il nous a rajouté une mousse et nous avons pu coucher là.

Ce matin, kinkéliba vers 8h ½ , puis route vers Diembereng, environ deux heures de marche. Diembereng est désert à notre arrivée et nous sommes obligés d’aller dans un campement. C’est un peu cher, mais j’apprécie la douche.

 

10 décembre

Hier, pour midi, nous avons cherché à acheter des fruits dans le village, on a réussi à trouver une petite boutique, mais il n’y avait presque rien. Denis n’est pas très débrouillard, si je n’avais pas vu des biscuits on seraient revenus bredouilles. Nous avons donc pris quelques biscuits et revenus au campement on les a accompagnés d’une limonade, ensuite une grande sieste jusqu’à 4h de l’après-midi, puis un bain en mer.

Retour au campement, discussions avec quelques Français puis repas copieux avec même une demi-langouste offerte par les autres. Discussion jusque vers 11h du soir. Quelques moustiques pendant la nuit.

15h

Retour au Cap par la plage assez agréable. Denis est plus en forme qu’hier et nous discutons un peu pendant le trajet qui dure 2h. Arrivés vers 11h ½ nous avons le temps de prendre un bain avant d’aller manger dans le petit restaurant agréable. Nous retrouvons Willy qui doit repartir demain pour Ziguinchor. J’en profite pour écrire à Marie-Françoise en attendant que la chaleur tombe.

 

Dimanche 11 décembre - Kabrousse, la plage, midi.

Nouvelle nuit passée avec Willy, il est vraiment très intéressant et j’espère le revoir à Ziguinchor.

Le trajet entre le Cap et Kabrousse nous a paru très court. Au village on demande la case du chef, c’est un jeune d’environ trente ans. Quand nous arrivons, il est en train de déjeuner avec sa femme et un enfant. Denis discute avec lui en diola et je suis un peu gêné parce qu’il ne me traduit pas. Finalement, il prend nos sacs et je comprends qu’il va nous héberger. Il nous porte aussi un plat de bouillie de mil.

Après une attente un peu longue, nous sortons faire un tour dans le village, puis nous arrivons sur la plage. A droite on peut voir des planches à voile. Denis est attiré par ce côté et nous nous baignons au milieu d’un club de blancs. Cela ne me gêne même pas et ça semble plaire à Denis. Nous allons ensuite retourner manger chez le chef. Il semble qu’à partir du moment où on est accepté on doit vraiment se comporter comme chez soi, sortir quand bon nous semble, aller manger également. Si j’arrive à avoir plusieurs expériences de ce genre, j’aurai une bonne idée de l’hospitalité des Diolas.

18h

Nos hôtes nous ont servi le riz au poisson à part, puis nous avons fait une petite sieste jusque vers 4h. Ensuite, nouvelle balade dans le village jusqu’à la plage où il fait bon rester à ne rien faire. Je viens d’apercevoir un requin évoluer à deux ou trois cent mètres, sa nageoire dorsale sortant largement de l’eau par moments.

Ce soir, nous devons être servis par la fille de la maison, environ 15 ans, les parents devant s’absenter. Demain, c’est une longue étape qui nous attend si nous allons jusqu’au parc.

 

Lundi 12

 Effectivement, l’étape a été longue. Nous sommes partis à 8h après un bon petit déjeuner chez le chef du quartier : kinkéliba, pain, beurre. Au moment de partir, je lui ai donné 2000 F.CFA, il a protesté en rappelant à Denis leur coutume, mais j’ai insisté pour qu’il accepte (prétextant que c’était un cadeau pour sa femme).

Nous sommes partis au milieu des enfants qui allaient à l’école, puis des femmes qui vont à la récolte de riz de part et d’autre du chemin. Au bout d’une heure, nous étions au fleuve et il a fallu attendre une demi-heure pour traverser. Il y avait un chantier où un gars construisait une pirogue en planches, mais la nôtre, bien qu’à moteur, était d’une seule pièce dans un tronc de fromager.

Ensuite, nous avons marché longtemps, vers midi deux types qui ramassaient de l’arachide nous en ont donné, mais ils nous ont indiqué un mauvais chemin, Denis ayant demandé le Parc au lieu du campement, cela a dû nous allonger d’un ou deux kilomètres et nous sommes arrivés après 13 h au campement.

Notre chambre est bien, mais c’est un peu cher 1000 F le lit, 1500 F le repas, 500 le petit déjeuner. De plus, il faut payer 2000 F l’entrée dans le parc.

Après une douche à l’africaine et une bonne sieste, nous sommes repartis faire un tour dans le parc jusqu’au mirador du buffle. Vu beaucoup de singes qui quittent à grand bruit l’arbre dans lequel ils sont perchés, certains faisant des bonds assez prodigieux. Du mirador où nous avons attendu assez longtemps, nous avons pu voir une petite biche venir boire craintivement avant de fuir d’un bond dans la forêt.

Nous nous couchons de bonne heure pour pouvoir faire un bon tour dans le parc demain matin.

 

Mardi 13

Ce matin, déjeuner vers 7h, puis départ pour une bonne promenade dans le parc, jusqu’au bout du chemin qui conduit au fleuve traversé hier en pirogue. Nous ne voyons rien d’extraordinaire, encore beaucoup de singes, mais je n’arrive pas à en photographier, ils disparaissent trop rapidement. Pas mal de biches aussi, un serpent tout noir et d’un bon mètre cinquante près duquel Denis est passé dans le chemin du retour, quelques écureuils et peut-être une hyène entendue aboyer.

Nous mangeons les cacahuètes qui nous restent avant de regagner le camp où je peux laver vaille que vaille ma chemise. Maintenant, rien d’autre à faire qu’à attendre le repas du soir. Il fait presque frais dans le parc dans la journée et la nuit y est froide. Nous avons dormi cette nuit avec une couverture. Nous sommes toujours les seuls clients du campement et nous n’avons vu personne de la journée, pendant notre promenade. Calme.

 

14 décembre - Oussouye

Nous y arrivons vers 11h après un trajet d’environ 11 km. Au départ, le chemin était très ombragé, il faisait presque froid. Un peu plus loin, on longe des champs d’arachide et on peut voir des tas près à être foulés. Plus loin encore, après avoir rejoint la route principale Ziguinchor - Cap Skirring, ce sont des rizières de part et d’autre avec des femmes en train de récolter et beaucoup d’enfants, car c’est mercredi.

A Oussouye, Denis demande l’adresse du père d’un de ses amis que nous trouvons très rapidement. Il tient un petit restaurant, mais c’est derrière dans la cour que nous mangeons, sous des acacias. Tout autour de notre natte, sur laquelle une fillette a étalé un pagne, c’est la vie : des poules, des canards, des cochons ; des enfants jouent, une petite fille s’essaye à couper du bois avec une mauvaise hache. Nous faisons la sieste.

16h - C’est parti pour un thé.

20h15 - Après le thé, notre hôte nous a proposé de faire un petit tour dans son quartier. Il nous a montré la case royale et si nous n’avons pas vu le roi, du moins nous avons vu son « ministre de l’intérieur » dans un vieux pagne, en train de retourner la terre devant sa case.

Il nous a montré également des fétiches dont celui d’Aline Sitoyé qui servait à faire venir la pluie à la demande.

Tout au long du parcours, nous saluons tout le monde, de temps en temps une poignée de main. Notre hôte nous paye des cacahuètes et après un passage par la poste, je paye une tournée. Il y a parmi nous un ancien d’Indochine qui raconte ses aventures.

Nous dînons ensuite d’un tiéboudiène sur une natte. Il y a l’électricité ici, ce qui permet d’écrire.

 

Jeudi 15 - Elinkine

Depuis hier au soir j’ai la diarrhée et ce matin le trajet a été assez dur à cause de cela. Il n’y avait pas de pirogue pour Carabane ou alors 5000 F, c’est pourquoi nous sommes allés directement au campement où j’ai pris un cachet et ai fait une bonne sieste. Je n’avais pas du tout dormi cette nuit, peut-être à cause du thé, mais surtout le bruit de la centrale électrique tout près. De plus, il faisait un peu froid et j’avais beaucoup de mal à me mettre en entier sous le pagne.

 

Samedi 17

Hier, journée assez pénible par suite de la diarrhée. Pourtant Carabane est agréable, c’est un endroit paisible. Longue discussion l’après-midi et le soir, avec le peintre Malang Badji qui gère le campement.

Un peu avant 19h, un moment agréable devant la maison de l’instituteur : tout le monde boit du lait de coco, il arrive un couple de marins avec leurs enfants. Beaucoup de discussions. Les enfants noirs et blancs devant la télé, rires.

Ce matin nous changeons notre programme, nous allons prendre le bateau pour Ziguinchor. J’avais peur que l’idée ne plaise pas à Denis, mais elle semble lui plaire. Tout va bien, à part le ventre.

 

Dimanche 18

Ce matin, nous nous réveillons au son d’une fusillade. Cela a commencé vers 7h et dure toute la matinée. On entend des mitraillettes et des fusils aux sons plus graves.

Hier au soir nous avons discuté longuement sur les problèmes de la Casamance et surtout sur l’efficacité des grigris qui protègent des balles ou qui rendent les flèches des Diolas surent d’atteindre leur but « Mon vieux, tu peux prendre l’avion, la flèche le suit et quand tu sors... » !

Charles avait l’air plus au courant que les autres, il participait aux réunions et il nous disait que le lendemain on ne devait pas bouger. Ses prédictions se confirment.

Vers 9h, on voit revenir quelques guerriers Diolas, un bruit de moteur les effraye un moment, mais ce n’est qu’un car rapide.

On entend toujours du côté de Ziguinchor des fusillades, des ambulances. Ce matin la maman n’a pas pu se rendre au marché, c’est en quelque sorte un état de siège.

Il y a avec nous Jérôme, rencontré à Elinkine, il devait partir sur Dakar ce matin, mais il est coincé.

Je n’ai pas la moindre peur, mais je trouve tout cela si absurde. Nous avons malgré tout déjeuné tous ensemble auprès du feu devant la maison. Le pépé jouait avec le petit garçon de la famille, scènes paisibles de la vie à la campagne sous fond sonore de guerre.

 

Mardi 20

Hier matin, nous accompagnons tous Jérôme au départ du bus. La maman marche en tête, fière et belle, saluant tout le monde sur son passage. Au marché, elle donne à Jérôme, éberlué et gêné, un gros sac d’arachide, un bon kilo d’oranges, des noix de palme et il faut l’arrêter. Nous déjeunons ensuite tous les quatre au kinkéliba, puis Jérôme part.

A la poste, j’ai une lettre de G et deux de Marie-Françoise.

Nous rentrons à la maison pour midi, la maman est revenue. On leur a conseillé de rentrer chez eux, pourtant tout est calme en ville.

Je passe l’après-midi sous le manguier, après avoir fait des portraits de toute la famille, à écrire des cartes postales, jouer avec Mamadou et des allumettes, puis à discuter longuement avec lui jusqu’à la nuit tombée. Il est très intéressant, je pense qu’il devrait s’en sortir et c’est le genre de jeune que j’aimerais aider.

Ce matin, nous retournons en ville avec Denis et Alfred. Kinkéliba au port, repas au centre, mais pas de nouvelle de Willy. Denis me pèse un peu ; par moments j’aimerais bien le lâcher.

 

Jeudi 22

Depuis hier, je ressens de plus en plus une saturation. J’ai de plus en plus l’impression de n’être qu’un portefeuille pour Denis, je crois qu’il me faut absolument prendre l’air.

Alfred nous a accompagnés à Séléki, il y avait aussi Charles pour le trajet. Le trajet a été assez dur à cause de nombreux changements de rythme et aussi par cette impression de n’être pas à ma place. L’autre jour en discutant avec Jérôme il m’a avoué ressentir parfois la même impression : « Qu’est-ce que je fais là. Ce n’est pas mon problème ». Il est certain que s’il y avait un avion aujourd’hui je le prendrais.

Pourtant j’aurais bien aimé essayer de faire quelques photos encore. Maintenant que je suis bien connu ici, il me devient facile de proposer aux gens. Mais est-ce si important ? Bien sûr, plus tard, j’aimerais sûrement retrouver toutes ces images et pouvoir les montrer comme support au récit de mon voyage.

Je pense que je vais quand même rester patiemment ici jusqu’à Noël, après tout ce serait bête de tout gâcher. Après, j’aimerais bien passer quelques jours seul à Ziguinchor. Retrouver Willy pourrait être une solution, mais il est occupé à faire son tam-tam sûrement et ça dans un quartier loin de Ziguinchor, aussi. Alors prendre une chambre à l’hôtel ?

 

Midi - Ca va un peu mieux, ce matin nous avons fait une promenade du côté des bolongs, de plus j’ai pu faire quelques photos de baobabs et pain de singe ; j’ai aussi photographié le grand-père de Denis : difficulté d’éviter qu’ils posent, mais en le faisant discuter avec Denis je pense avoir réussi à en faire au moins une de bonne.

Je ne sais pas s’il y aura du poisson dans le riz aujourd’hui, pourtant j’ai bon appétit, peut-être est-ce le pain de singe que je viens de manger qui me l’a ouvert. De plus, je crois que ma diarrhée est terminée.

 

Vendredi 23

Ce matin encore, je me demande ce que je fais ici. En principe on devrait aller à la pêche ce matin, mais on est toujours là à attendre. Hier, j’ai eu une discussion avec Denis au sujet du pognon ou plutôt de sa façon de me considérer comme un tiroir caisse. La discussion a démarré parce que une femme me tendait la main et il me disait « les gens sont comme ça » d’un air de dire « moi, c’est pas pareil ». La fin de la soirée n’a pas été très gaie. On est allé voir la partie de foot quotidienne derrière l’école. Au repas du soir, riz blanc, mais on avait mangé avant du riz à l’eau sucré ce qui fait que ça suffisait largement. Il n’y a aucune possibilité au village d’acheter de la nourriture, ce que j’ai du mal à comprendre.

 

Samedi 24

Hier, nous avions décidé de faire une partie de pêche, mais ça a été très long pour décider tout le monde et regrouper tout le matériel. Finalement, c’est vers 11h ½ seulement que nous sommes partis à six : Léon, Gustave, Charles, Alfred, Denis et moi. Nous sommes allés presque à Etama et ils ont ramassé des crevettes dans la vase pour servir d’appâts. Encore une fois, c’était Léon le plus efficace, il avait toujours 4 ou 5 crevettes dans la bouche pour se libérer les mains. J’ai pu faire quelques photos ce qui m’a occupé, vers 2h ½ nous avons embarqué sur trois pirogues, j’étais avec Léon, nous sommes allés jusqu’à un bras de la Casamance, je pense, car nous avons vu un voilier passer. Là, ça a été assez long, jusque vers 5 h, le temps d’épuiser les crevettes. Léon a attrapé pas mal de poissons, surtout de ceux qu’ils appellent des « cons » et qui ressemblent à des tout petits requins. Aussitôt pêchés, ils leur cassent les trois épines de la nageoire dorsale et des deux nageoires latérales. Il a aussi attrapé un petit capitaine et une carpe assez grosse. Les autres pirogues, bien qu’ils étaient plus nombreux à pêcher, n’ont presque rien attrapé. J’ai encore fait quelques photos, mais rien d’exceptionnel.

Ce matin nous sommes allé faire quelques courses à Enampor, j’aurais bien aimé faire quelque chose d’original ce soir pour manger, mais il n’y a rien à acheter. Il y avait bien des oignons, mais pas d’huile.

J’ai décidé de quitter Séléki lundi matin, avec un peu l’espoir de pouvoir passer quelques jours seul à Ziguinchor, mais ce ne sera pas facile.

 

Dimanche 25

Hier après-midi, nous sommes restés tout le temps sur les nattes, thé, discussions, mais pas beaucoup de français. Heureusement, à un moment, Léon est allé déterrer des jeunes pousses de rôniers ce qui m’a permis de bouger un peu et de faire quelques photos. En fin d’après-midi j’espérais pouvoir acheter du miel et de l’hydromel pour fêter Noël, mais on n’en a pas trouvé. On a quand même coupé l’ordinaire avec deux litres de vin.

J’ai dis à Denis que je voulais partir lundi et passer quelques jours seul à Ziguinchor, il a eu du mal à comprendre, puis a décidé de partir seul à Dakar, dès mardi, je l’y retrouverai plus tard.

Je n’ai pas dormi de la nuit sans savoir pourquoi, peut-être le vin ?

Le grand-père a déjà choisi un canard pour midi.

16h - Le canard était très bon, le grand-père a beaucoup bu, depuis le café il nous joue de son instrument : une sorte de guitare faite d’une calebasse recouverte d’une peau de chèvre et dont il ne reste que deux cordes. Il chante tout en jouant, c’est là que je regrette vraiment de ne pas comprendre le diola.

 

26 décembre

Je suis confortablement assis dans un canapé, dans un salon chez une cousine de Denis à l’entrée de Ziguinchor. Nous avons fait le trajet ce matin, sans problème.

Hier, la fin d’après-midi a été assez pénible. Tout le monde avait un peu trop bu, le thé a duré tout l’après-midi. De plus, certains amis ou parents ne comprenaient pas qu’on reparte déjà. Apparemment dans les coutumes africaines il faut prévenir assez en avance pour que chacun puisse vous inviter chez lui et offrir quelque chose.

Le soir après souper, Denis s’est lancé dans une discussion sans fin avec Alfred à propos d’un problème d’eau qui était fini. Cela m’a d’abord énervé, surtout qu’ils parlaient le plus souvent en diola. Tous prenaient part à la discussion, Jean-Marie est arrivé et s’est mêlé à la conversation. Comme lui parle beaucoup français, j’ai pu accrocher et me rendre compte qu’il s’agit plus d’un jeu que d’une dispute réelle. Encore une façon africaine de perdre le temps.

Un peu plus tard, à propos d’un morceau de bec de canard qui restait parterre, une discussion a repris et cette fois j’y étais mêlé à fond. Cela a duré jusque vers minuit.

Heureusement, j’ai pu dormir un petit peu cette nuit. Le père de Léon m’a donné des poissons secs pour ramener en France.

 

15h - Nous venons de déguster un tiéboudiène blanc, extra, avec beaucoup de légumes et du yet que je goutte pour la première fois. C’est un coquillage qu’ils font sécher en l’enterrant dans du sable. Il me semble avoir lu quelque chose là-dessus (peut-être dans le catalogue N.F.) à rechercher. Après le repas, on nous a offert des fruits : ananas, bananes, papayes et au moment de partir la cousine nous a encore donné un ananas à emporter.

L’accueil à la maison d’Alfred est toujours aussi excellent.

 

Mercredi 28

Hier, la journée s’est déroulée formidablement. Nous avons tous déjeuné dehors devant un grand feu. Il y avait du café au lait que j’avais acheté la veille et la maman est allé acheter un pain pour moi. Elle nous a aussi donné du riz au citron, mais là hélas elle a cru bon de m’acheter une bière et c’est Denis qui est allé l’acheter et qui l’a bue finalement.

Ensuite, Denis m’a « poussé » un peu et Alfred m’a accompagné jusqu’au bout. Nous avons repris un café du côté du port avant d’aller à la poste où nous nous sommes quittés. Deux lettres m’attendaient, G et M-Françoise, et j’avais déjà dans mon sac une réponse pour chacun que j’ai pu compléter.

Pas plutôt quitté la poste, je tombe sur Willy que je comptais essayer de retrouver l’après-midi. Il avait l’intention de partir le jour même, mais a retardé son départ d’un jour. Il avait déjà une chambre qu’il me propose de partager et, encore un hasard (?), c’est la chambre même où j’avais passé plusieurs nuits avec Sylvain en janvier. Hélas, la direction a changé et c’est maintenant tenu par un Allemand avec du personnel gambien, ce qui fait que l’anglais est la langue pratiquée dans ce microcosme. Les prix aussi ont évolué et pourtant il n’y a pas plus de confort. La chambre à 2500 est passée à 3900 pour deux lits ou 2700 pour un seul.

 Nous mangeons à midi sur la place du « garage » chez un « ami » de Willy, c’est très bon et plus propre que mon petit restau habituel. L’après-midi s’écoule tranquillement (banque, lessive, repos, bière, tam-tam) et nous retournons manger le soir au même endroit. La radio y est un peu forte.

Après avoir songé à changer d’hôtel, j’ai décidé d’y rester malgré le prix, je n’ai que trois nuits à passer ici et je vais pouvoir m’y reposer confortablement avant de retourner chez Alfred.

Ce matin, j’ai accompagné Willy dans ses démarches pour trouver un emballage de protection pour son tam-tam. Nous sommes retournés manger au petit restau d’hier où on a rencontré le gars que j’avais vu jouer de la trompette au soleil couchant du Cap Skirring, nous avons aussi discuté avec un Français qui fait de l’aide technique agricole bénévolement, il doit prendre aussi le bateau lundi.

Willy vient de partir aussi pour le Cap et je me retrouve seul pour la première fois depuis plus d’un mois. C’est une drôle d’impression, mais si je veux discuter il me suffit de sortir.

 

29 décembre

J’ai passé une nuit excellente, peut-être la meilleure depuis le début du voyage, je crois bien avoir dormi d’un seul trait. Petit déjeuner dans le petit restau peul, j’avais acheté hier un petit pot de miel de Casamance, un client est venu me demander s’il pouvait en prendre, - O.K. - il s’est servi copieusement, puis un ami à lui est venu et sans rien demander, juste un bonjour, il s’est servi aussi copieusement me vidant la moitié du pot. Ils sont habitués à vivre en parasites sur le dos d’un cousin, d’un oncle qui travaille et ne connaissent pas la gêne. De même que dans leur loi d’hospitalité, quand ils ont donné leur accord, on peut vivre chez eux aussi longtemps que l’on veux, de même ayant accepté de donner du miel je dois laisser vider mon pot sans rien dire. C’est assez dur à accepter pour nous européens.

J’ai fait quelques achats pour faire des cadeaux à la famille d’Alfred, du tissus pour la mère et Fatou, des petits bonbons pour les deux petits, il me reste à trouver des idées pour Yagui et le père et acheter des bonbons pour le grand-père qui adore ça.

Je me suis aussi promené sur le port ce matin où j’ai rencontré Mamadou et Ismaël qui se préparaient à aller à la pêche, j’ai aussi longuement discuté avec un inconnu sur l’embarcadère, j’ai fait une photo du marché au poisson d’un peu loin, je vais essayer d’y revenir demain pour en faire d’autres.

J’écris du restau peul où je viens de manger un mafé suivi d’un café au lait, un peu trop sucré encore. Avant de manger, un gars est venu me demander à l’hôtel, tout étonné que je ne le reconnaisse pas. Effectivement, je l’avais rencontré avant hier avec Willy qu’il connaissait déjà. Les amitiés sont rapides ici. En fait, il me propose un travail de chef de chantier en Guinée Conakry dans une entreprise de construction américaine (?). Sans doute il doit y avoir du vrai et il espère la ristourne pour le tuyau. Denis m’a en effet expliqué que même entre eux il y a toujours des pourboires à laisser. Par exemple celui qui vous embauche pour quelques mois, il est bon de lui donner quelque chose à la fin de chaque mois sinon aucune chance de voir le contrat renouvelé. La compétence n’a aucune importance avec un tel système et je commence à comprendre pourquoi le Casamance Express met une heure à s’accoster au quai ! Bref, je lui ai dit que cela ne m’intéressait pas, de me laisser son adresse avec le nom de l’entreprise et je lui ai payé une bière. Il va sans doute revenir ce soir au restaurant du garage où je compte aller pour perdre un peu plus de temps.

 

30 décembre 1983

Ce matin, après un petit déjeuner copieux au restau peul (j’ai mangé mon miel égoïstement) je suis retourné au port (plutôt marché au poisson) où j’ai retrouvé mon ami d’hier, j’ai pu faire quelques photos mais le soleil était très voilé. Un peu plus tard, je lui ai offert un petit déjeuner et j’en ai profité pour faire une photo de la boutique, nous nous sommes ensuite quittés et comme je traversais le marché aux légumes, j’ai été attiré par un étalage vraiment coloré, la marchande était justement en train d’essayer de couper une tranche de courge avec un mauvais couteau. Par geste, je lui ai demandé si je pouvais l’aider et j’ai pu couper la tranche. Je lui ai alors demandé si je pouvais photographier ses légumes, j’ai ensuite changé d’angle pour l’avoir elle aussi, mais je n’ai pas pu éviter qu’elle pose derrière sa courge.

Je suis aussi allé faire des photos dans le square de l’avenue Charles de Gaule et je suis tombé sur le père d’Alfred avec qui j’ai longuement discuté. J’ai également terminé mes achats de cadeaux pour la famille d’Alfred et en allant manger au restaurant Touba, j’ai rencontré mon « ami » Guinéen auquel j’ai offert le repas. J’ai ensuite bu un café de nouveau au port ce qui m’a permis de discuter assez longuement avec un Allemand qui a beaucoup voyagé en Afrique, il a fait un voyage en moto d’un an pour 20000 F, a travaillé 4 ans au Togo comme volontaire dans une organisation allemande (mécanique) et cherche encore sa voie. Plus je rencontre de voyageurs, plus je me rends compte que je ne suis encore qu’un touriste.

 

Samedi 31 décembre

Ce matin il fait presque froid, je suis allé au port tout étonné de ne pas y rencontrer l’ami du matin. J’ai dû déjeuner seul. Le soleil est encore plus pâle que hier et je n’ai pas pu faire de photos.

Hier au soir, j’ai mangé dans le restau peul, mais ils n’avaient que des brochettes, bien grasses, car réchauffées dans de l’huile ; comme j’avais encore faim après ça, j’ai demandé une omelette, elle baignait dans l’huile aussi. Après souper, je suis allé au cinéma pour tuer le temps « Le justicier de minuit » un policier quelconque et il n’y avait pas dans la salle l’ambiance ordinaire (pas d’enfants).

Je suis content à l’idée de retourner dans la famille d’Alfred cet après-midi, car il n’y a plus rien à faire à Ziguinchor, les promenades y sont restreintes, le seul endroit intéressant étant le marché au poissons du port.

Déjeuner au restaurant Touba, c’est finalement là que le tiéboudiène est le meilleur, avec des légumes variés et pas trop de poisson il est vrai, mais pour seulement 200 F.

Au passage, je bois un lait caillé au garage, histoire de discuter un peu avec le boutiquier qui bien sûr rêve d’aller en France.

Café chez Goudiabi, pas terrible et cher 175 au lieu de 75 dans les petites boutiques du port, mais ça me rapproche du quartier Lyndiane et je peux y rester un peu à l’ombre pour laisser passer la chaleur.

Discussion sur les éternels problèmes du chômage au Sénégal, de la magouille et des pots de vin pour trouver du travail. Pour la première fois, j’entends dire que la solidarité ne marche pas dans toute les familles. En fait, il s’agit de la patronne de l’hôtel. Je pense que dès que les niveaux sont trop différents le principe des vases communicants ne marche plus, un robinet intervient.

 

2 janvier 1984

C’est le jour du départ, Alfred a décidé de venir avec moi à Dakar. Samedi, j’ai été bien accueilli comme d’habitude, j’ai préparé le gâteau dans la chambre d’Alfred et nous l’avons mangé tous ensemble, après souper, devant la maison, j’en ai profité pour remettre à chacun son cadeau et ils étaient tous vraiment contents. Ensuite, après le souper, nous avons bu du vin avec Alfred en discutant. J’aurais préféré boire le vin en mangeant, mais comme le père est musulman...

Hier matin, promenade avec Alfred qui m’a permis de faire des photos d’une femme en train de récolter le riz, il était temps car la récolte est pratiquement terminée, c’est parce qu’elle travaille à l’usine de crevettes dans la semaine que cette femme n’avait pas encore fini, mais elle pensait terminer dans la journée.

L’après-midi, nous allons au cinéma, hélas c’est un film d’arts martiaux et en plus le son est très mauvais.

Le voisin d’Alfred chez qui nous avions mangé à midi du riz avec du porc, nous avait invité à venir boire le thé l’après-midi, nous commençons vers 18h pour terminer seulement à 21h, j’en avais vraiment marre et j’aurais préféré manger avec la famille.

 

20h30 - A bord du Casamance Express

Ce matin, rien de particulier, petit déjeuner habituel auprès du feu, vers 9h ½ nous partons avec Alfred pour le marché où la maman m’avait déjà préparé ma ration de cacahuètes et de mandarines, elle en rajoute encore, je prends quelques photos. Ensuite, nous allons à la poste puis à l’hôtel où je récupère le sac. Le petit restau peul est fermé, aussi nous mangeons au port dans la première baraque que j’avais faite avec Sylvain, c’est là que c’est le plus crasseux, mais le patron est sympa et c’est aussi là le moins cher (mafé à 125 F, café au lait 60)

Ensuite, nous embarquons une grosse heure avant le départ. Pendant le trajet jusqu’à Carabane, nous voyons quelques dauphins par groupes isolés, ce qui rend difficile les photos, parfois ils sautent à raz de l’étrave.

A Carabane l’assaut des pirogues devenu maintenant classique, mais une fois le transfert terminé une des pirogue se met à jouer du tam-tam et tous les gens à bord de trois ou quatre pirogues battent des mains en scandant le rythme, tandis que les pirogues font le tour du bateau, puis l’escortent un moment. L’ambiance est folle pendant dix minutes, puis les pirogues virent de bord d’un commun accord et nous laissent partir vers le large.

Nous dînons de tartines de beurre de cacahuète au chocolat et de fruits. Près de nous, un coq chante sans arrêt, un autre lui répond à quelques mètres. Le pont arrière est envahi de nattes avec dessus les ustensiles les plus divers, des plats de riz au poisson, des fruits, etc. Un groupe à côté de nous bois du vin de palme, directement d’un bidon de 5 litres et quand ils marchent on ne sait plus si c’est le mouvement du bateau ou le vin qui les fait tituber. Le bruit est tel que je n’arrive pas à lire.

 

Mardi 3 - 9h

J’ai passé la nuit dans un fauteuil, mais je pouvais allonger mes jambes et j’ai quand même pu dormir. Le bateau est arrivé à Dakar à 6h30 et n’a mis que vingt minutes à s’accoster !

Nous déjeunons avec Alfred devant le port puis je décide de rester à l’hôtel pour cette nuit, tandis qu’il va aller à Fass Delorm. L’hôtel du marché (Kermel) est complet pour l’instant, mais il y aura peut-être des départs et je dois y revenir à 10h. Quant au billet d’avion je saurai seulement vers 11h si je peux rentrer mardi prochain.

Soir - Rien de sur pour le billet retour, je serai fixé seulement jeudi, mais il y a beaucoup de chances pour qu’il me faille attendre le 14.

A midi j’ai mangé au petit restaurant moderne, encore un souvenir pour Sylvain. Cet après-midi, j’ai donc pu prendre possession de la chambre à l’hôtel du marché (3200 F) ce qui m’a permis de prendre une douche et de faire une grande lessive. Le soir, j’ai mangé des brochettes et pris un dernier café au lait en face du port. Pendant ce temps, le tenancier a fait sa prière vers La Mecque ce qui ne l’a pas empêché de me faire payer 15 F de plus qu’à un autre client qui avait pris exactement la même chose. Qu’Allah lui pardonne !

J’ai essayé de voir les V, mais ils étaient sortis et me demandent d’y revenir demain soir.

 

4 janvier

Petit déjeuner au port, ensuite je perds du temps dans les librairies. Alfred et Denis ne sont pas là au rendez-vous de 10h, je leur laisse un mot et vais manger au Restaurant Moderne. Un des serveurs me demande des nouvelles « du vieux » (Sylvain). Ca m’étonnait que personne ne m’ait reconnu ! Alfred arrive avec un cousin à 13h pile, comme j’allais partir. Je leur paye le repas, puis nous prenons un café dans une petite boutique. Sur la plage en face des îles aux serpents, je me baigne. Nous faisons ensuite une promenade sur la corniche.

Alfred a décidé de rentrer à Ziguinchor, son tuteur ne veut pas le garder (autre facette de l’hospitalité sénégalaise). Il me demande si je peux lui donner 2000 F. Il compte prendre le bateau vendredi. On se met d’accord pour aller visiter le zoo demain après-midi. Ce soir, je vais chez les V.

 

5 janvier

Hier au soir, vrai gueuleton chez les V avec deux amis déjà rencontrés l’an passé.

Ca y est, j’ai le retour assuré pour mardi (lundi soir). Je crois bien que finalement je vais rester à l’hôtel jusqu’à lundi. C’est un peu cher, mais il est bien placé. Je pourrai faire quelques achats de fruits lundi matin, pour ramener en France.

 

6 janvier 1984

Hier après-midi, Alfred est arrivé seul à 14h, nous sommes partis aussitôt (après avoir dégusté une noix de coco) pour le zoo. Alfred n’avait jamais vu de lion et c’est surtout pour cela que j’ai voulu y aller, car selon mon attente c’est un zoo désolant où les animaux ont très peu de place pour vivre et dans une hygiène désolante.

Après cela, nous allons à Fass Delorm pour y retrouver Denis. Dans la chambre, il y a une demi-douzaine d’amis, mais Denis n’est pas là. Nous discutons un peu, Charles arrive, vers 8h nous allons manger chez Jean T, il a un peu bu, mais me reçoit bien. Avec le riz au poisson nous buvons un verre de vin de palme. Je discute beaucoup avec un jeune qui suit des cours par correspondance de cuisine française !

Vers 9h, Denis arrive, ivre, lamentable. Aucune possibilité de discussion. Lassé, je me lève et demande à Alfred de me raccompagner. Je donne un rendez-vous à Denis pour aujourd’hui 11h en espérant qu’il ne sera pas saoul (il y avait bien un baptême qui expliquait leur état d’ébriété).

Du coup, je décide de rester à l’hôtel quoi qu’il arrive maintenant, ce sera un abri où me replier et ça me permettra d’être seul au moins les matinées des trois jours qu’il me reste.  Bien sûr, pour eux c’est dur à admettre que je dépense tant pour dormir, alors qu’ils dorment à 4 ou 5 dans une chambre à 2000 ou 3000 F par mois.

 

Le soir - J’ai attendu ce matin devant l’hôtel jusqu’à midi, personne. Je suis allé manger au Restaurant Moderne, puis j’ai passé quelque temps sur la plage. La mer était assez agitée, de grosses vagues déferlantes et je n’ai pas osé y aller complètement. Vers 4h je suis revenu à l’hôtel où j’ai pris une douche, puis lu un peu jusqu’à ce qu’Alfred arrive. Il était seul et j’en étais content.

On est allé se promener sur la jetée, face à Gorée. Il y avait beaucoup de vent (du moins pour ici) et de temps en temps des paquets de flotte passaient par dessus. Malgré tout on est revenus secs. J’ai pu acheter quelques tranches de saucisson, du pain et du vin et nous avons mangé à l’hôtel. C’était la première fois qu’il mangeait du saucisson, bien sûr.

Ironie du sort, je suis dans un hôtel de passe, j’ai dans ma chambre un beau garçon, gentil de surcroît, mais je n’ose rien pour lui, ou si peu, qu’il ne se passe rien.

Nous prenons ensemble un dernier café-kinkéliba, avec pain beurré, puis je l’accompagne au port. Adieu Alfred, je t ‘aimais bien tu sais !

 

7 janvier 1984

Je ne suis pratiquement plus au Sénégal.

Ce matin, après le petit déjeuner traditionnel au port je suis allé me renseigner sur les trains et avions en France, ensuite je suis revenu à l’hôtel dans l’espoir d’y voir Denis, mais presque heureux qu’il ne vienne pas. J’ai suivi le même itinéraire qu’hier. Sur la plage, j’ai discuté un long moment avec un gars, puis à 4h je suis allé au cinéma voir « Garçon » avec Yves Montand. Quelques achats et je viens de manger à l’hôtel. J’ai décidé d’aller demain passer la journée à Gorée.

 

8 janvier 1984

Hier au soir, sans que ce soit prémédité, je me suis retrouvé de nouveau au cinéma, un film sénégalais sans beaucoup d’intérêt si ce n’est des vues de la vie à Dakar « Xew Xew ».

Ce matin, j’ai pris le bateau de 9h pour Gorée, il faisait froid. Promenade sur le fort et dans Gorée, calme sur la place centrale, vacances. J’ai acheté une poupée pour l’anniversaire de Marie-Françoise, elles sont plus chères, mais plus belles qu’à Dakar, j’en ai profité pour en photographier quelques autres. Repas dehors sur la place, beignets au poisson et tiéboudiène.

Retour par le bateau de 16h30, des gosses s’activent à monter une ligne qu’ils vont traîner à l’arrière toute la traversée, ils n’ont attrapé, mais ont bien failli prendre... la bouée au large de Gorée.

En me promenant en ville, je passe devant un cinéma où on jouait « Amok » dans le quart d’heure qui suivait. J’y suis donc allé sans hésiter et je ne le regrette pas. C’est un film qu’il faut voir en Afrique.

Après ça, j’ai dîné d’un shawarma (crêpe épaisse avec dedans des frites, des tomates, du piment, de la viande grillée et raclée) puis je me suis payé le luxe d’un café, un vrai, dans le grand café à l’angle de la rue Albert Sarrant.

Denis est passé à l’hôtel vers 8h et a laissé comme message qu’il ne me verrait pas demain.

 

10 janvier 1984 - Las Palmas 3h30 TU

Nous revoilà près à décoller après un passage en transit des plus curieux, en effet on nous a fait passer devant la police avec entrée aux Canaries sur le passeport et aussitôt après, embarquement ! Est-ce pour nous occuper ? Pour fausser les statistiques de visites touristiques aux Canaries ? ou quoi encore ?

La journée à Dakar s’est déroulée sans rien de spécial, quelques courses le matin, promenade l’après-midi, à 7h j’étais obligé de retirer mon sac de l’hôtel, aussi je suis allé dans un restaurant pour toubabs où je n’ai pas mieux mangé que d’habitude pour le prix de quinze repas sénégalais, mais où j’ai pu perdre un peu plus de temps. J’ai ensuite pris le bus pour l’aéroport (pour le vingtième du prix d’un taxi) ce qui m’a permis d’acheter un livre de plus et de boire un coup en attendant l’embarquement. Et me voilà déjà en Europe.

Il pleut sur Las Palmas, mais la température est douce.

3h45, nous décollons.

10h30 (heure française) - Madrid

Au moment d’embarquer, tout à l’heure à 9h15, on nous a annoncé une panne dans l’avion et tout le monde a dû revenir à la salle d’embarquement. Après une demi-heure d’attente on nous annonce qu’on doit changer d’avion, départ 11h.

11h25 ; Nous venons d’embarquer dans un Air-Bus A-300-B4 flambant neuf, je suis à côté d’un hublot, mais sur l’aile hélas. Il fait beau sur Madrid, la température est fraîche.

11h37 - on roule.

11h50 décollage OK et aussitôt une vision sur une chaîne de montagne enneigée au nord ouest de Madrid. C’est la sierra de Guadarrama.

12h05 - Sierra de la Demanda enneigée, en vue.

12h20 - Nous survolons la mer.

12h30 - Ca y est, je vois la côte des Landes, telle une grande route (souvenir de mon premier voyage en avion avec G, Paris - Marrakech). J’ai pu voir de l’autre côté de l’avion quelques sommets enneigés des Pyrénées. Il fait beau sur la côte, mais sur la terre il y a beaucoup de nuages. Le golfe du bassin d’Arcachon est bien visible.

12h45 - Nous passons à l’est du lac de Hourtin. On devine maintenant l’embouchure de la Garonne, mais la côte s’éloigne et des nuages striés zèbrent toutes les terres.

12h50 - L’estuaire est à notre gauche maintenant, mais trop loin pour voir Royan.

13h15 - Le pilote nous annonce la température à Paris : 4°

13h30 - Versailles

13h34 - On sort le train.

13h39 - Touché

Suite :

Page d'accueil